Rituels shi‘ites et maronites : affirmation d’une identité

Conférence: Rituels shi‘ites et maronites : affirmation d’une identité

Conférence: Rituels shi‘ites et maronites : affirmation d’une identité

Roula Talhouk

Université Saint-Joseph

Introduction

Dans cette présentation nous allons montrer comment un rituel religieux peut devenir une occasion de l’affirmation de l’identité politique et confessionnelle. Deux rituels ont fait l’objet de notre étude : la procession de ‘Āshūrā’ à Ḥaret Ḥreik et celle du Vendredi Saint à Chyyaḥ. Pour cerner tous les enjeux autour de ces deux rituels, nous avons participé à toutes les préparations qui précèdent ces événements, aussi bien celles d’ordre religieux que celles à caractère social. Cette étude est tirée d’une thèse de doctorat sur les rapports entre les communautés confessionnelles et la société globale libanaise. Les constatations que nous avons faites se basent d’une part sur une longue observation des deux terrains  et d’autre part sur une analyse  de discours, aussi bien les discours  religieux officiels que ceux produit par les membres des deux groupes étudiés dans les différentes situations d’interaction.  

  1. 1.      Présentation du cadre de l’étude (spatio-temporel)

Le terrain que nous avons exploré est constitué de deux espaces socio-culturels « Chyyaḥ » et « Ḥaret Ḥreik  » qui se trouvent dans le milieu urbain de la banlieue sud de Beyrouth[1] et dont les frontières respectives se touchent. Notre observation s’est étendue sur une période qui s’étale entre l’automne 2005 et l’été 2010.

Ḥaret Ḥreik , est un quartier très peuplé. Le visiteur peut y accéder du côté de Ḥadath, du côté de Ghobeiry ou du côté de Chyyaḥ. L’ensemble est centré autour de la mosquée Jame‘ El Imamein el assanein, rattachée aux Institutions du Grand Āyatollāh Sayyid Mouhammad Ḥoussein Fadlallāh.

Sur la voie principale de Ḥaret Ḥreik, pas loin de la mosquée, se trouve également l’église de la communauté maronite dédiée à St Joseph, et juste en face de l’église, la municipalité.

La population de Ḥaret Ḥreik  était jusqu’à une époque récente (vers les années 80) en majorité maronite. A cause de la guerre et ces menaces les maronites ont dû quitter leurs maisons et leur « village » comme ils l’appellent encore. Ils étaient  propriétaires des terrains mais ils ont été entraînés dans les années suivantes à vendre la majeure partie de leurs propriétés. À l’heure actuelle, seules quelques familles maronites  habitent encore Ḥaret Ḥreik : elles n’ont jamais voulu quitter le quartier malgré tout ce qui s’est passé chez eux.

L’église paroissiale « Mar Youssif » est toujours là. Par son bâtiment assez grand et joliment fait, elle dénote la présence, dans le passé, d’une communauté assez importante en nombre. Aujourd’hui, l’ensemble des maronites originaires de Ḥaret Ḥreik , habitant ailleurs au Liban, se retrouvent au sein de leur église paroissiale pour toutes les célébrations concernant leur famille : mariages, funérailles, baptêmes… Ils viennent également pour la célébration de l’Eucharistie aux jours des grandes fêtes telles que Noël, Pâques, la Saint Joseph, etc. Ils manifestent ainsi leur volonté de rester présents dans ce qu’ils considèrent toujours comme « leur village ».  Cela n’empêche qu’il n’y a aujourd’hui plus de véritable communauté maronite à Ḥaret Ḥreik .

À Chyyaḥ, la communauté chrétienne, et en particulier maronite, a un poids  considérable,  comparée aux autres confessions.

Les terrains de Chyyaḥ sont la propriété des habitants d’origine, alors que la majorité des gens qui y habitent aujourd’hui viennent de la montagne. Il y a eu notamment une arrivée importante d’habitants du Chouf, chassés de chez eux durant la guerre.  La société locale d’aujourd’hui est constituée  d’un mélange d’habitants venu de plusieurs régions du Liban. En cela Chyyaḥ ressemble à Ḥaret Ḥreik  qui a aussi accueilli à travers les années  des habitants shi’ites venant du Sud du Liban et de la Bekaa. Les shi‘ites qui se disent originaires du village, sont peu nombreux par rapport aux déplacés, comme les maronites originaires de Chyyaḥ.

D’après le discours des paroissiens et des curés, Chyyaḥ est la deuxième paroisse maronite du  littoral libanais quant à l’étendue de surface territoriale et le nombre de paroissiens maronites. Seule la paroisse d’Antélias  au Nord de Beyrouth la dépasse.  Certains, surtout les chrétiens qui y habitent sans être originaires du lieu,  préfèrent nommer ce quartier ‘Aïn el Remmaneh. Cette appellation a pris de l’ampleur pendant la guerre civile pour distinguer le côté chrétien de Chyya, du côté musulman, car la ligne de démarcation (l’ancienne rue de Sidon) coupait  Chyyaḥ en deux parties.

La présence des shi‛ites à Chyyaḥ date du début du XXème siècle, mais ceux-ci n’ont pas réussi à se faire inscrire sur les registres civils du village. Les membres du conseil de la municipalité considèrent cette absence aux registres comme une victoire sur le plan politique, maintenant l’unité du village. Cette unité est perçue dans ce cas comme l’unité chrétienne face à « la conquête shi‛ite des lieux ». (Expression utilisée plusieurs fois par les interlocuteurs chrétiens).

Nous avons donc exploré deux entités socioreligieuses différentes, bien que rapprochées géographiquement, dans un milieu social et religieux mixte, où musulmans et chrétiens cohabitent (les uns bien plus nombreux que les autres), travaillent, et constituent ainsi un terrain d’étude riche et intéressant.

Chacun des deux espaces socio-culturels (ou groupes socioreligieux intégrés) s’organise autour d’une institution locale de base : l’église paroissiale pour le milieu chrétien, la mosquée pour le milieu musulman. Ces deux institutions se trouvent du fait, au centre de ces milieux socioculturels, et en constituent la cohérence et l’unité de base. Et ce, malgré le fait que ces deux institutions ont un statut juridique différent : l’église et la mosquée  ont des fonctions différentes. 

L’étude de ces deux institutions aide à saisir la conception de soi de chacune de ces deux communautés religieuses, de même que la conception que l’autre est supposé avoir envers soi-même, et ce dans un cadre plus global : l’insertion confessionnelle dans une société multiconfessionnelle, comme c’est le cas au Liban. C’est là que le noyau du sentiment identitaire confessionnel se déploie et se développe. C’est là où la communauté confessionnelle se constitue, vit et se déploie à partir des célébrations (de tout genre) qui s’y font. (Messes et prières para-liturgiques pour les maronites ;  prières des vendredis et assemblées de condoléances pour les shi’ites).

Le discours formé par les homélies et les prêches, constitue le back-ground théologique et politique (surtout dans les prêches du vendredi à la mosquée) de la pensée individuelle et communautaire. Cet enseignement d’une importance majeure va déterminer, d’une part, la vision du monde interne et externe à la communauté, et d’autre part, le langage et la terminologie des individus de chaque communauté.

 

  1. 2.      Analyse du discours du peuple (entretiens) et des instances religieuses (prêches et homélies)

L’analyse du discours est d’une importance capitale puisque c’est le discours qui permet d’explorer les idées, les conceptions, les images mentales, et donc de dégager le sens de l’action telle que l’acteur membre de la société visée le perçoit et le comprend.

Deux séries de discours ont été analysé : les prêches faits dans la mosquée Al Imamein el Ḥassanein et les assemblées de condoléances (dans la salle Al Jinane et l’Institut de la Sagesse Divine) ;  et les homélies faites dans les différentes églises de la paroisse St Michel, et, enfin, le discours produit par les membres des deux groupes étudiés dans les différentes situations d’interaction de la vie de tous les jours (visites, fêtes, réunions municipales, après les prières ou les célébrations sacramentelles, etc.).

Les prêches ou les homélies prononcées dans les occasions religieuses et certaines occasions dotées d’un caractère confessionnel[2], sont importantes, car elles contiennent un discours théologique explicatif et un autre communiel – civique[3], d’une grande signification. Nous y avons trouvé les directives qui forment la conscience collective de chaque communauté, ainsi que la toile de fond des discours individuels de leurs membres et les positions qu’adopte chaque communauté vis-à-vis de l’autre et vis-à-vis  des événements particuliers.

Le discours récolté dans les entretiens libres et les causeries est le produit mental des individus acteurs dans une situation d’interaction donnée : il dit  quelle est sa signification pour eux. C’est un discours occasionnel  émis avec une spontanéité irréfléchie. Il exprime les contenus de l’expérience mentale de l’acteur / locuteur dans ou en fonction de la situation qui se présente[4]. C’est le type de discours qui  occupe la plus grande partie du corpus que nous avons analysé. 

  1. 3.      Observation participante de deux cérémonies essentielles pour les deux communautés étudiées.

 

  1. a.      Les dix jours de mouarram[5] et la procession de ‘Āshūrā’

Nous avons participé pendant les années de notre étude de la communauté shi‘ite de Ḥaret Ḥreik  à plusieurs commémorations de la mort de l’Imām Ḥoussein, mais ce dont nous allons rendre compte, ici c’est la première à laquelle nous avons participé, celle de l’année 2006, de fin janvier au début février.

Le rôle central de la mosquée assumé par le izbollāh

Le  rôle central de la mosquée dans l’organisation de la procession s’est déplacé vers le Ḥizballāh qui l’a prise en charge et a assimilé toutes les mosquées et leurs représentants. Voici les faits.

Dans la grande procession du 10ème jour du mois de « mouarram », qui tombait cette année-là le 9 février 2006, toute la communauté shi‘ite de Daḥieh[6] avait participé : les partisans du izballāh, hommes, femmes et enfants ; ceux de Amal[7], les shi‘ites qui ne font partie d’aucun mouvement politique; et enfin un grand nombre venant du Sud et de la Bekaa. Toute cette masse voulait d’une certaine manière montrer la cohésion shi‘ite et musulmane contre les caricatures qui avaient été publiées, quelque temps avant, dans les journaux danois.  C’est ce qui explique la grande dimension qu’a pris cette manifestation. On pourrait même parler d’un certain acharnement.  

D’habitude, chaque village et chaque ville anime les dix jours de mouarram dans l’enceinte de sa ou de ses mosquées ou « ousseynyyat »[8]. Le dixième jour, toute la communauté sort dans des petites processions après la dernière assemblée de condoléances, pour se regrouper en une seule procession dans la place centrale du village ou dans les rues principales de la ville. Le cas de Nabatieh, une ville du Sud, est connu et étudié par plusieurs chercheurs. 

Mais depuis que le Ḥizballāh a commencé à organiser la procession à Daḥieh, il a essayé à rassembler le plus grand nombre de participants possible. Le rassemblement est organisé bien à l’avance, les gens sont invités pendant les différentes assemblées de condoléances, dans toutes les mosquées de Daḥieh et les salles de condoléances, ils sont invités aussi par des voitures qui circulent dans les rues pour annoncer l’heure du rassemblement et le lieu du départ.

Pour cette année, un fait divers a eu plus d’influence que tous les efforts d’organisation du parti, et la participation a dépassé toutes les attentes. C’est que la procession shi’ite dans la banlieue sud de Beyrouth avait lieu après un autre rassemblement dans le Centre-ville de Beyrouth et à Achrafieh.

Après la publication au Danemark des caricatures qui ont attaqué le Prophète, les musulmans partout dans le monde ont réagi  par de nombreuses manifestations. Au Liban aussi. Une première a eu lieu le 5 février 2006, au Centre-Ville de Beyrouth. C’était une manifestation violente qui a dérapé : l’église de St Maron à Gemmayzeh a été touchée, puis, continuant dans les rues d’Achrafieh, le consulat du Danemark à Tabaris a été incendié et les vitrines de magasins et des voitures ont été cassés sur leur passage. Le izballāh a affirmé ne pas avoir participé à cette protestation ni officiellement, ni officieusement. Il fallait prendre ses distances en organisant une autre manifestation plus digne.

 La grande procession du dixième jour de ‘Āshūrā’ a été marquée par cette occasion. Le thème de cette fête religieuse purement shi‘ite fut pour cette année: « Défendre l’honneur de l’Envoyé de Dieu », c’est l’Imām Khameni’y qui l’a proposé. C’est pourquoi, des shi‘ites de différents partis politiques et ceux qui se disent libres, ont accouru de toutes les régions libanaises (du Sud, de la Bekaa, de Jbeil…) pour marquer leur amour et leur désir de défendre l’honneur du Prophète. Ils étaient venus tous suite à l’invitation de Sayyid assan Nasrallāh, le chef du izballāh, qui disait : « Nous allons descendre dans les rues en masse, sans craindre la pluie, ni le froid, nous allons montrer au monde entier notre amour de la Famille du Prophète ».

Même les partisans du Ḥizballāh avec qui nous nous sommes entretenus, ne s’attendaient pas à un si grand nombre de participants. Mais leur surprise ne les a pas empêchés d’utiliser l’énorme participation pour des fins politiques et pour s’enorgueillir. 

Habituellement, les processions de ‘Āshūrā’ rassemblent un grand nombre de shi‘ites, mais pas aussi grand que celui de l’année 2006. Selon les estimations du Ḥizballāh, elle a dépassé les 500,000 personnes entre homme, femmes et enfants. Ce chiffre est probablement gonflé ! Le rassemblement était fixé à 9h du matin du côté de Ghobeiry, juste en bas de pont qui mène à l’Aéroport de Beyrouth, et les défilés ont commencé à cette heure pour terminer dans l’après-midi. La procession se dirigeait,  comme toujours, vers une grande cours du côté de adath, rue Gamous : la cours « Al Rayat ». Le trajet est long de quelques kilomètres seulement, mais la procession a pris des heures :  les participants affilaient sur un rythme lent et s’arrêtaient plusieurs fois tantôt pour des acclamations « Ô oussein » ou pour faire des pas de danse et de frappe de la poitrine, tantôt pour écouter des « dou‘ā’ » et y répondre par la formule « Allāhoumma şally ‘ala Mouammad wa ‘Āli Mouammad » « Ô Dieu bénit et salue Mouḥammmad et la Famille de Mouḥammad » (3 fois de suite avec un rythme bien déterminé), et des fois pour écouter quelqu’un (à travers les haut-parleurs) lire des passages du Coran ou des passages du martyrologue, d’autres pour maudire Israël, et ainsi de suite…

Une fois rassemblés sur la grande cours, Sayyid Hassan Nasrallāh a fait un discours. Il a repris les grandes lignes « spirituelles » de l’événement commémoré et en fait l’actualisation politique : régionale et locale. Le temps de l’ensemble de l’événement peut prendre des fois 4 à 5 heures, et le temps pour que les foules  rentrent chez elles, prendra encore une ou  deux heures, ou même plus. Ce qui fait en tout et pour tout une durée qui va de 9h le matin jusqu’à 16h de l’après-midi.

L’organisation de la procession de 2006 :

A la tête de la procession il y avait des jeunes portant de grands tableaux représentant les chefs religieux shi‘ites du monde et les chefs religieux du izballāh. Puis il y a eu deux groupes de six personnes qui portaient le drapeau libanais et celui du izballāh, ce sont les scouts de l’Imām occulté le « Mahdī ».

Suivait  un groupe de  musiciens qui donnaient le rythme du défilé. Le son était transmis par des haut-parleurs fixés sur les poteaux dans les rues. Tout le monde pouvait entendre et répondre quand il y avait à répondre. Après les musiciens il y avait les drapeaux jaunes et noirs du parti, ainsi que les oriflammes de condoléances qui portaient le slogan suivant : « Nous sommes prêts, ô Messager de Dieu ». Des groupes de jeunes (des centaines) portant du noir, pieds nus, avec des turbans sur la tête, marchaient avec un pas cadencé et battaient leur poitrine tous ensemble avec un rythme simple : main droite en arrière, en avant, demi geste puis à la poitrine, et ainsi de suite.

Ensuite, un autre groupe de scouts, plus jeunes (des centaines également, qui portaient tous leur costume avec des « bandanas » sur leur tête).  Suivaient des pénitents, tous en costume uni, tous avec des « bandanas » sur la tête sur lesquels était écrit « Nous sommes prêts, ô Messager de Dieu » et «  Salut ô père de Abdallah ».  Ceux-là battaient leur poitrine avec un rythme différent des premiers. Avec les deux mains, en arrière, puis en avant, avec un croisement des mains ils battaient leur poitrine avec les deux mains.  C’est le rythme des processions  iranien. Ils sautaient en criant « Nous sommes prêts, ô Messager de Dieu ».

Enfin des groupes d’hommes, très nombreux, défilaient avec des drapeaux, noirs surtout mais aussi quelques jaunes  (la couleur du izballāh).  Il y avait  également un drapeau avec une main en cuivre. Il représente la main d’Abou el-Fadel, frère de l’Imām oussein,  qui abreuvait l’armée et la famille du Prophète. C’était le symbole de sa main coupée.

Les foules continuaient à défiler, de temps en temps on remarquait des groupes d’hommes en cercle parmi les foules, qui portent du noir avec des turbans et des vestes rouges et jaunes, pieds nus, qui battaient leurs poitrines au rythme iranien et qui criaient « Nous sommes prêts,  ô Messager de Dieu », ou « ô oussein ». Toute cette foule était bien organisée, tous suivaient le même rythme, grâce aux haut-parleurs qui accompagnaient le défilé. La couleur dominante était le noir. Presque tous portaient du noir, les femmes surtout. Elles se trouvaient de part et d’autre de la rue, elles attendaient leur tour pour défiler.

ajj Omar[9], qui m’accompagnait sur la route de retour, était surtout ravi du nombre des hommes dans la procession, c’est-à-dire le grand nombre des participants, sans compter les femmes dont le tour n’était pas encore arrivé ! À son exclamation il ajoute l’idée suivante :

« Le nombre des hommes ici présent dépasse à lui seul le nombre des participants aux deux manifestations massives du 8 et du 14 mars 2005[10] ».

Ḥajj Omar était content que le nombre des membres du Ḥizballāh dépassait le nombre de tous les autres participants aux deux manifestations réunis. Cela dénote la force et la loyauté du Ḥizb. Enfin il a mentionné la Syrie disant que ce pays était accusé sans aucune raison de l’assassinat de Rafîq Ḥariri. Selon lui, le grand nombre des participants à la procession montre que ceux qui sont allés à la Syrie sont très nombreux et par le fait même très forts ! C’est pour dire qu’ils ne peuvent pas être accusés de l’assassinat de Ḥariri soit parce qu’ils peuvent se défendre et qu’ils ont les moyens, soit par ce qu’ils n’ont pas besoin d’éliminer une personnalité représentative pour s’affirmer dans l’enjeu politique.   

 

 

 

Nombre = Force

 

et Force = Raison

et Avoir Raison = Innocence

Donc la Syrie n’a rien à faire avec l’assassinat de ariri.

 

 

 

  1. b.      La semaine sainte et la procession du vendredi saint 

En parallèle avec cette célébration shi’ite, nous avons choisi de présenter  l’ambiance de la semaine Sainte chez les maronites de Chyyaḥ-Ain el Remmaneh, qui commence par le dimanche des Rameaux.  Dans la paroisse de Chyyaḥ il y a quatre églises : St Michel (l’église principale), St Georges, St Antoine et la chapelle de l’asile des vieillards. Les messes et célébrations sont réparties sur ces quatre églises. L’église St Maron  n’était pas encore construite[11]. Pour le dimanche des Rameaux il y a eu deux cérémonies et deux processions à St Georges pour accueillir les fidèles. Dans les autres églises il y a eu deux messes mais seulement une seule procession.

Le programme des célébrations de la Semaine Sainte était imprimé en couleur, sur un grand carton plastifié, et accroché sur les portes des 4 les églises de la paroisse. Il était aussi imprimé sur des feuillets et distribué à ceux qui le désiraient. La Semaine Sainte étant un temps liturgique qui constitue un tout qui est l’apogée du cycle liturgique maronite. Les gens viennent en grand nombre. Même ceux qui n’assistent pas aux messes dominicales, participent aux différentes célébrations de cette semaine.

Les prières liturgiques et paraliturgiques de la semaine sont célébrées dans les différentes églises, avec une concentration claire à St Georges. C’est à Saint Georges que se trouvent les bureaux des prêtres de la paroisse. Cette église est devenue le centre à la place de Saint Michel, qui, suite à la guerre est devenue marginale  et loin des habitations et des lieux commerciaux des maronites. C’est pourtant la plus grande église et officiellement l’église principale de la paroisse. Cependant, Saint Michel est située dans la partie shi‘ite de Chyyaḥ ce qui explique ce déplacement du centre paroissial.

Vendredi Saint 21 mars 2008.La célébration de ce jour a  eu lieu à 16h00 à St Michel. Il fallait être présent une heure avant le temps pour trouver  une place dans cette grande église. Nous étions curieux de voir si les maronites allaient faire cette année une grande procession dans les rues et quelle forme elle allait prendre après les problèmes qui avaient eu lieu au même emplacement deux mois auparavant : manifestations et meurtres de plus qu’une dizaine de jeunes gens chi‘ites, en plus d’une quarantaine de blessés[12].

Vers 15h30 nous étions dans l’église. Dans cette grande église, bien ornée, tout était nouveau, les bancs, les peintures, les draps de l’autel. Elle avait été restaurée et remise à neuf après de très importants dégâts de la guerre civile. À la place des draps blancs sur l’autel principal et sur celui de gauche (préparation des offrandes), des draps noirs marquaient l’occasion. Les bougies de l’autel étaient mises à plat. À droite étaient dressées trois croix majestueuses, comme sur une petite colline. En dessous un emplacement était réservé pour accueillir le cercueil du Christ à la fin de la cérémonie. Au milieu, juste en face de l’autel, il y avait une chaise drapée d’une écharpe noire, sur laquelle on avait mis une icône de la Vierge Marie, elle aussi avec un ruban noir. Par terre, se trouvait  un grand drap noir avec une croix en bois au milieu, qui symbolise le cercueil destiné à recevoir la dépouille du crucifié. Presque tous ceux qui entraient à l’église apportaient des fleurs champêtres ou des bouquets achetés de chez un fleuriste, pour honorer le corps du Christ.  Ces mêmes fleurs seraient ensuite distribuées à Pâques comme signe de bénédiction.

Au début de la cérémonie le prêtre a dit un petit mot pour inviter l’assemblée à la prière.  La chaîne de télévision « Manar TV », organe du izballāh,  a commencé dès ce moment à filmer. Le soir cette célébration a été projetée sur les écrans, en mentionnant la présence des Aounistes (courant politique maronite, lié au izballāh) parmi les fidèles! Le commentaire a dit que la foule comptait plusieurs milliers de personnes. En effet il y avait plus que 2500 personnes ! C’était très bien organisé. Il y avait des policiers de la municipalité et des gendarmes et l’armée libanaise avaient bloqué la rue principale de Chyya-Mcharrafieh vers l’avenue du Sayyid Hadi Nasrallāh.

La foule a pris cette rue à l’aller et au retour. Les prêtres dans des vêtements liturgiques noirs avec l’encensoir marchaient en tête de la procession devant le drap noir symbolisant le cercueil du crucifié. Des scouts défendaient aux croyants de s’approcher du drap noir. Ils étaient suivis par une voiture avec des hautparleurs, pour que tous puissent entendre les prières et les chants, et puis venaient les croyants. Tous chantaient à l’unisson. Le père Jean ajj guidait la prière et entonnait les chants que tous reprenaient. C’était simple, marqué de recueillement et sans grand bruit.

De part et d’autre de la rue, les gens (shi‘ites) arrêtaient leur travail et sortaient pour regarder. Les personnes âgées et les femmes étaient les plus dignes!  On voyait leur attitude de respect d’après leur posture un peu inclinée devant les fidèles qui passaient, certains mettaient leur main droite sur leur poitrine.  Alors que les autres regardaient par simple curiosité, ils étaient là à regarder en fumant et en souriant.

La procession n’a pas pris beaucoup de temps. En revenant vers l’église les prêtres ont clôturé la cérémonie par l’adoration de la croix « رتبة السجدة »  à la porte de l’église, sans y entrer,  dans un emplacement vaste. Tous étaient là en plein air, et puis les prêtres ont passé au milieu de la foule pour donner la bénédiction et pour faire embrasser la croix aux fidèles. Nous avons pu quitter les lieux à 18h00.

Des troupes de jeunes shi‘ites, habillés en vert, les jeunesses de l’Imām Sader « شبيبة الإمام الصدر » aidaient pour régler la circulation et canaliser l’embouteillage. Nous avons demandé à l’un d’eux pourquoi il y avait cet embouteillage, il nous a répondu qu’il y avait « une messe » à l’église. Quand nous lui avons répondu en plaisantant que l’embouteillage est dû à « NOUS », il nous a dit : « على راسنا ، أهلاً وسهلاً فيكم. على راسنا الصليب والقدّاس »Soyez les bienvenus, la croix et la messe nous les portons sur nos têtes. (Expression littéralement traduite exprimant du respect).

Ce qui est à noter :

D’habitude les paroisses font leurs célébrations au sein des églises et lorsqu’il y a des processions comme le dimanche des Rameaux, le Vendredi Saint ou à minuit le jour de Pâques, ces processions peuvent avoir lieu à l’intérieur des églises ou bien à l’extérieur tout autour du bâtiment. Parfois elles s’avancent aussi dans les ruelles autour de l’église. Mais cela sans volonté de rassembler d’autres personnes que les paroissiens.  Chacun participe habituellement dans sa paroisse. Certains chrétiens préfèrent aller dans des sanctuaires importants comme Notre Dame de Harissa ou le monastère de Saint Charbel à Annaya. D’autres encore montent vers leur village natal.

Mais, si le izballāh, depuis déjà quelques années, fait des efforts pour rassembler le plus grand nombre de participants, de toutes les régions où il y a des communautés shi‘ites, à la grande procession de ‘Āshūrā’, à Chyya, en cette année 2008 les maronites les ont en quelque sorte imité en organisant eux aussi une grande procession avec beaucoup de participants. En 2008 il n’y a eu qu’une seule grande procession après la prière du Vendredi Saint, plutôt que de petites procession dans chacune des églises. Bien qu’il y ait eu des célébrations dans toutes les autres églises de la paroisse et des petites tournées au sein de l’église même, mais pas vraiment une grande procession. 

Nous ne croyons pas qu’à l’origine la volonté de rassembler tous les fidèles en une seule grande procession du vendredi saint ait un caractère proprement politique. Mais il est certain,  que les différents participants, ont la volonté consciente de marquer une présence à connotation politique. D’un côté les Aounistes désirent exprimer leur bonne entente avec le izballāh et dire que ce lieu n’est pas dangereux, les chrétiens peuvent s’y rassembler sans crainte…même après les troubles du mois de janvier au même endroit. De l’autre côté, pour les Forces Libanaises, c’est une expression de présence massive qui ne craint pas l’autre, aussi fort et impressionnant qu’il ne croit l’être!

En effet, l’église Saint Michel peut contenir à l’intérieur au maximum 700 fidèles à condition d’ajouter des chaises en plastique dans les allées, autour de l’autel, au fond et sur la tribu. Or, la procession qui a eu lieu comptait plus que 2500 personnes avec une présence remarquable des jeunes. Si on observe les assemblées habituelles de fidèles dans les célébrations religieuses, on constate qu’il y a beaucoup plus de femmes que d’hommes, et plus de personnes âgées que de jeunes, et dans ce genre de procession (du vendredi saint) pas de petits. Ce vendredi saint de 2008 était marqué, contrairement à l’habitude, par un grand nombre d’hommes et beaucoup de jeunes gens et des petits.

Il n’y a pas eu de groupes qui portaient un costume bien déterminé comme cela s’était fait  à ‘Āshūrā’, mais la plupart des participants portait des couleurs sombres, notamment du noir.  Ce qui confie à l’occasion un caractère funèbre sans pour autant donner à voir des gens qui se lamentent.

D’un côté, l’Imām oussein a été tué et sa communauté, et les « mouālīn », ceux qui suivent la Famille du Prophète, (c-à-d. les shi‘ites d’aujourd’hui), n’ont pas pu le défendre. oussein est mort et n’est pas revenu à la vie. C’est pourquoi les shi‘ites vivent depuis l’événement de Karbalā’, ont un sentiment de culpabilité parce qu’ils n’ont pas pu le sauver.

Tandis que les chrétiens qui célèbrent la semaine sainte, la vivent avec l’attente de Pâque, de la Résurrection. Ce qui fait que la sobriété qu’on retrouve pendant la semaine sainte et le temps du carême, ne les accompagne pas une fois que cette semaine se termine.  

Cependant il ne faut pas oublier que ces deux événements, Karbalā’ et la crucifixion, sont des événements fondateurs pour les deux communautés respectivement. Et la spiritualité qui en découle, marque les deux communautés aux points de vue spirituel, dogmatique et social.  Dans les deux cas des  jeûnes, une ascèse, des prières et une certaine tenue vestimentaire marquent toute la durée de préparation à ces deux événements dans les deux groupes.

 

Trois choses sont à  relever :

  1. 1.      Le discours des fidèles sur l’occasion
  2. 2.      La trajectoire de la procession 
  3. 3.      La présence des jeunes shi‘ites de l’Imām Sader pour faciliter la circulation et garder la sécurité des célébrants

 

  1. 1.      Le discours des fidèles sur l’occasion

À partir des discours de certains participants : nous remarquons, premièrement, qu’il y avait  des personnes appartenant à divers courants politiques maronites[13] ;  deuxièmement, que l’église Saint Michel est considérée comme appartenant à un courant plutôt qu’à un autre, vu que la convention entre le Courant Patriotique Libre et le Ḥizballāh a été conclu dans ce lieu (Février 2005) ; troisièmement, que les partisans des Forces Libanaises qui d’habitude assistent à l’église St Georges, ont choisi de venir ici en ce jour saint et ce pour deux raisons : marquer leur présence par rapport aux aounistes et se montrer nombreux face au Ḥizballāh, donc forts et sans crainte, prêts à défiler dans les rues du territoire shi‘ite. L’ensemble fait une assemblée nombreuse, quoique beaucoup moins importante que celle de Ḥaret Ḥreik . Le vendredi saint à Chyyaḥ a seulement rassemblé les maronites de Chyyaḥ et non pas les ceux du Liban entier, donc le nombre ne sera jamais équivalent à celui rassemblé par Ḥizballāh, où se trouvaient des shi’ites de tout le Liban.

 

  1. 2.      La trajectoire de la procession 

Il aurait été normal de diriger la procession vers le centre de ‘Aïn el Remmaneh et non pas de prendre le chemin inverse comme cela a été fait : les maronites habitent au centre et non pas à la périphérie. Or, l’assemblée a pris la direction de Mcharrafieh, vers la rue de Sayyid Hadi Nasrallāh, elle est arrivée à un lieu avancé de Daḥieh, puis elle a fait demi-tour sur le rond point pour reprendre la direction de St Michel.

 

 

 

 

 

 

 Carte chyyah

 

 

 

 

 


L’organisation est aussi significative 

Il y avait l’armée libanaise de tous les côtés, les gendarmes avaient fermé la rue des deux bouts, les policiers des deux municipalités étaient aidés par les scouts et les jeunes de la paroisse. Ceux-là marchaient des deux côtés tenant des battons pour empêcher les gens de s’approcher du drap noir sur lequel il y avait la croix symbolisant le corps du Christ à ensevelir et les bouquets de fleurs que les fidèles ont apporté.

Alors que dans la procession de ‘Āshūrā’ la sécurité était exclusivement assurée par les partisans du Ḥizb, ici, à Chyyaḥ, c’est l’armée libanaise, les gendarmes, les policiers de la municipalité, et les scouts qui l’ont assuré ensemble.

Alors qu’au début de la procession de ‘Āshūrā’, nous avons vu les photos des représentants religieux des shi‘ites en Iran et au Liban, avec des drapeaux du Ḥizballāh, des drapeaux libanais, et des oriflammes funèbres marquant l’occasion, ici c’est une simple présence de curés responsables de la paroisse, représentant le Christ tête du corps ecclésial.

Dans la procession de ‘Āshūrā’ les groupes de jeunes se battants la poitrine se sont organisés en masse avec des costumes et des pas cadencés pour acclamer le Ḥoussein ; la foule était clairement divisée en hommes (devant) et femmes (derrière). Pour la procession du vendredi saint à Chyyaḥ la foule qui suivait ici derrière le drap noir, n’était pas homogène, hommes et femmes étaient mélangés ; il n’y avait pas de division ni au niveau des sexes, ni de l’âge, ni même de la fonction sociale.

  1. 3.      La présence des jeunes shi‘ites de l’Imām Sader pour faciliter la circulation et garder la sécurité des célébrants

Puisque la procession a lieu dans une partie dite « shi‘ite » de Chyyaḥ / Ḥaret Ḥreik, et puisque l’église St Michel se trouve sur la frontière des deux terrains shi‘ites de Ḥizballāh et du parti Amal, et puisque enfin il s’agit d’un lieu symbolique où à plusieurs reprises des affrontements ont eu lieu, notamment durant l’année écoulée, nous avons expliqué la présence des jeunes de l’Imām Sader pour faciliter la circulation (de leur côté) et encadrer l’assemblée de plusieurs manières.

En fait :

ü  Ils veulent marquer leur terrain face au Ḥizballāh

ü  Ils veulent exprimer une certaine sympathie politique (en 2008)

ü  Ils veulent exprimer une ouverture religieuse par rapport à d’autres qu’ils traitent de fanatiques

ü  Ils veulent empêcher que d’autres zizanies aient lieu en cette occasion sainte et sur le terrain

ü  De cette manière, ils cherchent à assimiler la foule…la rendre moins dangereuse !

  

Conclusion : Le rituel comme lieu de l’affirmation de l’identité politico-confessionnelle

       À la base, l’occasion est religieuse pour les deux groupes socio-religieux, c’est la célébration de l’événement fondateur de chaque communauté.

      Le lieu de rassemblement à aret reik est symbolique notant une présence massive confessionnelle, défiant tout le monde : de l’extérieur et de l’intérieur

      Le lieu de rassemblement à St Michel-Chyya est symbolique aussi :

  • Ø  ‘Aïn el Remmaneh est le quartier où la guerre civile a éclaté
  • Ø  La rue de Sidon était pendant de longues années une rue de démarcation et de division, et elle l’est toujours, tant au niveau géographique que psychologique (mémoire de guerre et peur mutuelle)
  • Ø  L’église St Michel qui a été gravement endommagée pendant la guerre est reconstruite par une double volonté, celle de l’évêché et celle de la paroisse : que ce soit en vue de restaurer un lieu de culte, ou de résister dans le territoire chrétien, ou de vouloir jeter des ponts de dialogue et de convivialité islamo-chrétiennes…

      L’investissement est purement politique des deux côtés

  • o   Du côté musulman : c’est l’islam donc l’Orient contre l’Occident (la politisation du religieux)
  • o   Du côté islam shi‘ite : c’est défier Israël et tout ce qu’elle symbolise : force militaire et partenaires libanais dont le Gouvernement « Sunnite » 
  • o   D’après l’analyse du discours officiel religieux : Yazid (Le Califes qui a ordonné de tuer Ḥoussein) est aujourd’hui l’équivalent d’Israël et tout ce qu’elle représente, donc l’agressivité est orientée non pas vers Yazid qui n’existe plus,  ni vers la communauté qui le soutenait dans l’histoire, la communauté sunnite, mais vers un autre ennemi. Cet ennemi risque de prendre divers figures selon la situation politique régionale et locale. 
  • o   Le shi‘isme représente donc le vrai islam, et Ḥoussein le petit fils du Prophète s’est dessaisit de sa vie pour une cause ultime : la pureté de l’islam
  • o   Et izballāh qui combat pour la Vérité est le seul garant et le seul conservateur de l’islam pur !   
  • o   Cette manifestation de piété et de force met en valeur l’ensemble de cet enjeu politico-religieux… (Nous ne faisons pas des jugements de valeur : les participants défilaient de cœur et d’âme et priaient avec conviction… nous mettons en relief l’idée qui est derrière le besoin de se montrer Nombreux et Forts).

 

  • o   Du côté chrétien : vouloir rassembler le plus grand nombre possible en vue d’un équilibre de forces et un besoin de se voir encore présents et actifs.
  • o   Du côté Aouniste : c’est dire que la convention avec le izbollāh est bonne, preuve en est que « nous-maronites » pouvons défiler en plein milieu shi‘ite sans danger.
  • o   Du côté Forces Libanaises : la présence des jeunes gens, qui d’habitude ne dépassent pas la rue de Sidon, marque un équilibre de force face au izballāh, c’est défier l’ennemi en montrant le courage face à son nombre et à ses armes.
  • o   Les deux partis chrétiens se croient les représentants de la communauté maronite en particulier et des chrétiens en général, et se disent : « les vrais chrétiens » !

 

 


[1] Plus précisément de la banlieue Sud de Beyrouth. Ce sont des quartiers urbanisés qui se trouvent juste aux frontières de la capitale. Ils font partie de la circonscription du Metn, et du caza de Baabda.

[2]Nous entendons par cela, les fêtes où il y a eu des événements particuliers qui ont suscité de la part des autorités religieuses des explications ou des interprétations, tel que la fête de Saint Marron en 2006 (quand les musulmans ont fait une manifestation contre les caricatures du Prophète publiées dans la presse européenne, et qu’ils ont attaqué une église à Achrafieh) ; et le jour de commémoration de la victoire de la Résistance Islamique contre Israël, etc.

[3] En principe, tous les prêches dans les mosquées contiennent deux parties : l’une théologique, qui est de l’ordre de l’enseignement religieux ; et l’autre politique, d’ordre communiel, qui interprète les événements politiques et mondiaux à partir de la foi musulmane et du Coran. Les homélies, de leur part, ne suivent pas une structure bien définie, les prêtres préparent leurs discours pour expliquer les textes de la Bible lus pendant la célébration, et/ou pour expliquer un événement religieux ou un temps liturgique, etc. Il n’est pas dit, que les homélies doivent porter sur la politique, bien que certains prêtres en parlent. 

[4] Cf. MUCCHIELLI Alex (dir.), Dictionnaire des méthodes qualitatives en sciences humaines et sociales, éditions Armand Colin / Masson, Paris, 1996.

[5] Mouarram c’est le premier mois du calendrier islamique, le 10ème jour étant le jour du martyre de l’Imām Houssein à Karbalā’ : ce qu’on nomme‘Āshūrā’.

[6] C’est-à-dire la banlieue sud de Beyrouth

[7] Parti politique dont le chef est le Président de la Chambre M. Nabih Berri.

[8] Salles de rassemblement à côté des mosquées, spécifiques de la communauté shi‘ite.

[9]ajj Omar est un prénom fictif de la personne qui m’a introduite dans le milieu shi‘ite, c’est un partisan du izballāh.

[10] Ces deux manifestations antagonistes représentaient deux orientations politiques opposées, l’une favorable à la Syrie, l’autre opposée. Les formations politiques se désignaient depuis comme ceux du 8 ou du 14 mars.

[11] Elle fut reconstruite et les célébrations y ont commencé à la St Maron février 2011.

[12] Événements du 27-28 janvier 2008 à Chyya, Cf. www.recherches-sur-le-terrorisme.com/…/emeutes-beyrouth-hezbollah.html.

[13] Dont les plus importants et représentés dans notre cadre géographique : les Forces Libanaises et le Courant Patriotique Libre « les aounistes ».

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