Invitation aux interventions de l’anthropologue Pr Albert Piette
Religions entre universalité et pluralisme, résumés des interventions
Religions entre universalité et pluralisme.
(Colloque organisé par le CEDIFR, le 27 et 28 février 2014)
Résumés des interventions
Introduction philosophique du sujet :
Antoine FLEYFEL : « Le pluralisme religieux entre relativité et authenticité »
Cette approche s’ancre dans la pensée de John Hick (1922-2012), considéré comme l’un des plus grands philosophes de la religion au XXe siècle. Celui-là défend la théorie du pluralisme religieux qui s’oppose aux théologies classiques des trois monothéistes, inclusives ou exclusives. Même si sa réflexion touche à la théologie, elle reste philosophique et s’inspire de la pensée d’Emmanuel Kant qui lui permet d’élaborer sa compréhension du pluralisme religieux. Hick considère effectivement que la réalité ne peut être connue que selon la manière dont on la perçoit. Ainsi, Dieu ne peut être connu que comme un Dieu phénoménal, mais jamais en tant qu’un Dieu nouménal. De plus, cette connaissance est toujours conditionnée par le contexte historique et culturel, ce qui la relativise, sans pour autant la rendre moins authentique. Continuer la lecture
Colloque: Religions entre universalité et particularité
Un nouveau colloque présenté par le Centre d’Etudes et d’Interprétation du Fait Religieux (CEDIFR)
Religions entre universalité et particularité
Un colloque qui aura lieu le Jeudi 27 février et le Vendredi 28 février 2014
au Campus des Sciences Humaines (CSH) au 8ème étage à l’amphithéâtre 806
Rituels religieux au Liban entre partage et cloisonnement communautaire
Un projet de recherche financé par le conseil de la recherche de l’Université Saint Joseph de Beyrouth dans le cadre du Centre d’Etude et d’interprétation du Fait Religieux (CEDIFR) en collaboration avec trois autres institutions libanaises (UL-LAU et IFPO) et deux institutions étrangères (IIAC et IDEMEC) Continuer la lecture
La transfiguration sacrale de la société civile : Les célébrations de ‘Āshūrā’ au Liban
Robert Benedicty s.j.
Remarques préalables
Les célébrations de la fête de ‘Āshūrā’ sont, à l’heure actuelle, l’un des moments forts de la vie communautaire de l’Islam shi‘ite au Liban. ‘Āshūrā’ est la commémoration du martyre de l’Imam Hussain dans la bataille de Karbalā’ (680). En effet, cet événement fondateur exprime – selon Mussāal-Sadre – Le «paradigme shi‘ite de l’histoire» dans une formule prégnante. D’une part, le caractère paradigmatique de la fête commémorative manifeste la profonde conscience d’identité de la Communauté confessionnelle shi‘ite et exprime, en même temps, sa compréhension de soi. Ce caractère paradigmatique de la fête explique, d’autre part, sa force mobilisatrice dans le domaine politique. Continuer la lecture
Rituels shi‘ites et maronites : affirmation d’une identité
Roula Talhouk
Université Saint-Joseph
Introduction
Dans cette présentation nous allons montrer comment un rituel religieux peut devenir une occasion de l’affirmation de l’identité politique et confessionnelle. Deux rituels ont fait l’objet de notre étude : la procession de ‘Āshūrā’ à Ḥaret Ḥreik et celle du Vendredi Saint à Chyyaḥ. Pour cerner tous les enjeux autour de ces deux rituels, nous avons participé à toutes les préparations qui précèdent ces événements, aussi bien celles d’ordre religieux que celles à caractère social. Cette étude est tirée d’une thèse de doctorat sur les rapports entre les communautés confessionnelles et la société globale libanaise. Les constatations que nous avons faites se basent d’une part sur une longue observation des deux terrains et d’autre part sur une analyse de discours, aussi bien les discours religieux officiels que ceux produit par les membres des deux groupes étudiés dans les différentes situations d’interaction. Continuer la lecture
UN SULTAN EN QUETE DE SPIRITUALITE Suivi de : BILAD ESH-SHAM : LA DESTINATION FAVORITE DES MAGHREBINS
Ouiza Gallèze
CNRPAH- Algérie
I – UN SULTAN EN QUETE DE SPIRITUALITE ?
1- L’histoire du Maghreb avant la dynastie almohade
L’Afrique du Nord dans l’histoire et la construction du pouvoir
Le Maghreb est un vieux territoire où plusieurs civilisations ont vu le jour. L’archéologie montre la présence de l’Homo erectus depuis au moins deux cent mille ans, alors que de nouvelles techniques de recherches parviennent à visualiser des sites archéologiques plus anciens datés par archéomagnétisme, livrant des informations sur des hominidés de près de deux millions d’années. La première civilisation connue mais dont on ne maîtrise point les détails remonte à quinze mille ans avant Jésus Christ, comme le site archéologique d’Oran (à l’Ouest de l’Algérie) ou celui de la culture capsienne (Kafsa ou Gafsa en Tunisie). Un brassage avec d’autres groupes locaux donnera la civilisation du néolithique dont les peintures rupestres de l’Atlas (sud de l’Algérie) sont un fiable témoignage. Continuer la lecture
« Maqam » el Sultan Yaccoub[1]
Houda Kassatly
Le village
Le village sunnite de Sultan Yaccoub est situé dans la circonscription (mohafazat) de la Beqaa et le chef lieu (caza) de la Beqaa Ouest sur une haute colline (1350 mètres d’altitude) qui domine plusieurs villages de la région (Hammara[2], Aïta el Fokhar, Ghazzé…). Pour faciliter leur quotidien, de nombreux habitants de la localité ont décidé dans les années 1950 de quitter ces lieux élevés pour s’établir dans une région plus accessible située en contrebas de l’ancien village. Le village originel des hauteurs est désormais nommé Sultan Yaccoub el Fawka (du haut) et la partie basse Sultan Yaccoub el Tahta (Sultan Yaccoub du bas). Le projet de séparer administrativement les lieux est en court, les habitants de Sultan Yaccoub el Tahta (également nommé Lucy) souhaitent en effet avoir une municipalité indépendante. Continuer la lecture
Quand la sacralité du rite vient de son exclusivité : le cas du mormonisme
Bernadette RIGAL-CELLARD
Université de Bordeaux
L’Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours, basée à Salt Lake City, institution majoritaire du mormonisme, propose à ses adeptes deux types de rituels. Il y a ceux que l’on pourrait appeler, rapidement, de « partage » : ils sont pratiqués par tous les membres de l’Église, le dimanche essentiellement et les non-mormons peuvent y assister, leur présence étant même souhaitée afin de démontrer le désir d’ouverture de l’Église et aussi afin de satisfaire la curiosité des néophytes potentiels. Ces rites se déroulent dans les nombreuses chapelles de l’Église sur le modèle du service protestant : chants, lecture de passages des Écritures, parole de type sermon et témoignage, sainte cène sous les deux espèces, le vin autorisé dans les débuts étant aujourd’hui remplacé par de l’eau. Le baptême se pratique par immersion complète dans une salle attenante à la chapelle. D’autres salles sont réservées aux activités sociales diverses auxquelles les non-mormons sont fréquemment invités. Continuer la lecture
Du rituel comme institution fondamentale : retour sur Frazer, Mauss et Hubert, Hocart
Erwan Dianteill, Université Paris Descartes
En anthropologie, et plus largement en sciences sociales, ce n’est guère la définition du rite (ou du rituel comme ensemble de rites) qui pose problème, contrairement par exemple à celle du mythe, de la croyance ou encore celle de la religion. Certes, il existe dans la littérature scientifique quelques variantes, mais presque tous les anthropologues s’accordent à concevoir le rite comme un acte invariable, régulier et symbolique. En outre, il y a aussi un accord sur l’existence de rites détachés des cultes organisés : s’il n’y a pas de religion sans rite, il y a des rites sans religion, tels que les salutations quotidiennes, les manières de table ou les vœux du président de la République. Continuer la lecture