Rituels en évolution : acteurs, interactions, objets, espaces, sanctuaires

Jeudi 3 – Dimanche 6 mars 2016, Beyrouth, Liban

Nour FARRA-HADDAD

Le colloque sur les rituels religieux : «  Rituels en évolution : acteurs, interactions, objets, espaces, sanctuaires » s’est tenu du jeudi 3 au samedi 5 mars  au sein du campus des Sciences humaines de l’Université Saint Joseph de Beyrouth.  Vingt trois chercheurs étrangers et une dizaine de chercheurs libanais sont intervenus successivement durant trois jours autour de la thématique du rituel. Cet événement a été possible grâce au soutien du CEDIFR, Centre d’Etudes et d’Interprétation du Fait Religieux (CEDIFR), de l’Agence Universitaire de la Francophonie  et de la Faculté des Sciences Religieuses. Du Liban, au Japon, à la Chine, à l’Amazonie, à l’Iran, à l’Inde, à l’Espagne, à la France, à la Turquie et jusqu’à l’Afrique il a été question du  rituel dans tous ses états. Mis à part la diversité des aires géographiques concernées ce colloque a été marqué par la richesse des thématiques abordées et d’un débat autour des méthodes de recherche en sciences sociales.

Les différentes communautés utilisent le rituel comme un instrument de mobilisation et de communication, ce dernier les façonne en retour dans la texture même des gestes, des paroles et des sensations qu’il produit. Loin de se réduire à la simple répétition mécanique d’un code établi par la tradition, il fait œuvre de création et d’ouverture, il constitue un champ au sein duquel les différentes tendances d’un groupe négocient leur statut et leur représentation.

Ainsi, six sessions ont abordé les rituels sous différents angles et dimensions (Théoriques, historiques, identitaires, géographiques…) et trois sessions ont proposé une approche filmique des rituels en présentant films, documentaires et images. L’Institut d’Etudes Scéniques Audiovisuelles et cinématographiques (IESAV) a aussi été associé à cette démarche représenté par son Doyen Elie Yazbeck.  L’implication de jeunes étudiants doctorants qui s’intéressent aux rituels religieux a aussi été une priorité dans le cadre de ce projet.

Au cœur de nos débats et de l’évolution des rituels, s’articulent la médiatisation, la virtualisation et la dématérialisation des démarches cultuelles. Les interventions ont très bien rendu compte de la religiosité contemporaine dans le monde et au Liban en l’analysant dans sa diversité et son dynamisme.

Ce colloque marque surtout la fin d’un projet de recherche qui a commencé depuis plus de trois ans intitulé : « Rituels religieux entre partage et cloisonnement communautaire. »

Encouragé par le comité du Centre d’Etudes et D’Interprétation du Fait Religieux (CEDIFR)  le projet «Rituels religieux au Liban entre partage et cloisonnement communautaire » fut présenté au Conseil pour la recherche de l’Université Saint Joseph de Beyrouth qui l’approuve en novembre 2011. Ce projet a regroupé dix chercheurs de trois universités différentes, l’Université Saint Joseph (USJ), l’Université Libanaise (UL) et la « Lebanese American University » (LAU) ainsi que des chercheurs de l’Institut Français du Proche Orient (IFPO).  En regroupant des chercheurs travaillant sur des terrains différents, cette recherche a cherché à cartographier la géographie religieuse du pays dans une perspective résolument comparative. Bien que principalement ethnographique, le projet s’est positionné comme un projet interdisciplinaire: archéologues, spécialistes du tourisme, politologues et économistes ont été invités à se joindre à ce programme pour analyser les différents enjeux des rituels religieux.

Le projet sur les rituels et les pratiques dévotionnelles au Liban a documenté et analysé les mutations contemporaines du fait religieux dans le pays. Il a privilégié l’observation ethnographique et questionné les processus de construction de l’identité confessionnelle.  L’approche proposée vise donc à lire, dans le creux des actions et interactions dévotionnelles, les mécanismes incessants de production de l’identité individuelle et collective. Dans un premier temps a été appréhendé ce champ de tension, d’instabilité et de bricolage selon une ligne de fracture qui oppose des processus d’affirmation de soi et des mécanismes de partage et d’échange. Ce point de départ met d’ores et déjà en exergue des tendances centrifuges et centripètes qui révèlent un paysage religieux libanais éclaté et modulé par des forces multiples qui brouillent les évidences identitaires.

En marge du colloque de nombreuses excursions vers des lieux de culte de différentes communautés religieuses à travers le Liban ont été proposées. Ces tours avaient pour objectif de rendre compte de la diversité religieuse et du ‘vivre ensemble’ au Liban.

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